Flash-backe sur Alex...

Alex prend une bière et se laisse aller sur le fauteuil pendant que je me vautre sur le canapé. Back home... Sifflement de la mousse qui sort de la canette, ricanement de mon lutin personnel.

- On s'est quittés quand Vouivre nous a offert à boire... Tu crois pas que j'ai fait la connerie de boire ce qu'il y avait dans ce putain de verre ? Le premier Vouivre était responsable de la mort de Coca Blue alors je n'allais pas faire confiance à celui-là... Je vide le verre dans une plante verte, je vous regarde vous exploser par terre et je vous imite. Et l'autre qui pousse sa gueulante de mégalomane psychopathe et qui ricane bêtement... Il sort, les MIBs arrivent pour nous emmener et là, je me tire, je décide de venir vous chercher plus tard.

- Sympa, je dis.

- Tu crois que j'avais le choix ? D'ailleurs, les gars me courent après, fallait que je trouve un abri, le temps que tout se calme. Au delà des salons, ça ressemblait à une vieille usine, avec quelques lumières bleues et blanches de loin en loin mais une putain d'obscurité. Il y avait des vieilles machines rouillées, des chaînes qui pendaient, des recoins obscurs. Je me suis dépêché de me planquer dans une sorte de conduite d'aération et les gars me cherchaient en regardant partout avec des lampes de poches. Ça me faisait penser à Alien, mais avec moi dans le rôle du monstre, et ça me faisait bien marrer. Parce qu'à la fin, le monstre, il gagne, enfin presque. Or, ces gars n'avaient pas Ripley avec eux.

Je sors discrètement de ma planque, avec un bon mètre de tuyau à la main. Là, tu mets la caméra en vue subjective, presque au ras du sol, tu fais défiler lentement les couloirs avec une musique flippante et des gouttelettes d'eau qui glissent le long des vieilles machines rouillées. On voit une silhouette baraquée, un des MIBs, on le voit de dos, il regarde autour de lui, inconscient de ce qui arrive par derrière, on se rapproche, la musique devient de plus en plus flippée et bang ! Coup de tuyau sur le crâne, il s'effondre et une voix affolée crie :

- Dallas ? Dallas ? Tu l'as vu ?

Et personne ne répond. L'autre MIB arrive, se penche sur son copain et bang ! Il va le rejoindre au pays des rêves à bosses. J'étais libre de partir à votre recherche, c'était aussi simple que ça...

Alors j'ai fouillé le bled, je me suis baladé partout où j'ai pu. Mais tu vois, autre rapport avec les décors à la Alien, on s'y perd facilement. J'ai descendu des escaliers, erré dans des couloirs, puis je me suis retrouvé dans un sous-sol façon usine. Les vibrations des baffles me parvenaient encore, mais ça ne voulait pas dire grand-chose. Et j'ai trouvé une cage d'escalier, un escalier de fer qui venait d'en haut et s'enfonçait en volées serrées dans un large puits de béton sombre. Et, coup de pot, au moment où j'arrive, un groupe de gens descend. Vouivre en compagnie de deux gars avec des têtes de maffieux. Ni une, ni deux, je les suis avec deux volées de retard.

Je ne sais pas ce que c'était que cet escalier. On aurait dit la cage d'un immeuble, mais sous terre, tu vois ? Des paliers d'appart', mais en sous-sol. De nombreuses portes donnaient dessus et ça avait l'air de s'enfoncer vachement profond. Gratte-magma plutôt que gratte-ciel... Marrant, non ?

A chaque étage, des lumières froides te faisaient comprendre que c'était pas un endroit où faire la fête et Vouivre et ses potes avaient pas l'air de fêtards. Ils avaient même l'air mortel sérieux. Ils finissent par entrer dans un appart, un comme un autre et quelques instants plus tard je me retrouve devant la porte close. Quelques instants d'hésitation, j'y colle l'oreille et vu que j'entends rien de bien fort, je pousse discrètement la porte.

L'intérieur brille d'une lueur rouge et dorée. Une sorte de salon luxueux, comme les bordels dans les films en costumes... Il y a une première salle, un hall si tu veux, qui donne sur un grand salon confortable plein de trucs modernes, avec une super télé plate immense posée contre le mur. La déco fait riche, abondant et mauvais goût. Et vu le boxon, la femme de ménage a pas dû passer depuis plusieurs jours...

- Alors, messieurs, que buvez-vous ?

Les deux maffieux hésitent avant de répondre ; avec leurs vêtements noirs et leurs lunettes je leur trouve un air terrible de Blues Brothers.

- Un martini.

- Un scotch...

Vouivre claque des doigts et une Sauvage domestiquée à la Loladrine (elle a pas les silvereyes) habillée comme dans un film de cul, va remplir des verres et les servir. Planqué derrière un gros vase chinois, j'écoute les types et observe les fesses de la fille. Elle a l'air gai comme un croque-mort endiablé, cette pauvre jeunette... Vouivre, lui, a ressorti son sourire pepsodent et, à l'aide d'une télécommande, fait une démonstration de son talent à se servir de l'écran géant. Depuis sa garçonnière, notre ami est connecté au réseau et lui et les messieurs font affaire, il leur vend de l' Acide CBM a un prix tel que ça m'étonnerait pas qu'il soit aller le racler au fond des cuves... Et puis ça discute, et puis je me fais chier, puis je commence à étudier la possibilité d'intervenir, assommer tout le monde, interroger Vouivre pour savoir où il vous a cachés et emmener la fille. Mon argument principal est le flingue que j'ai piqué à un des types qui me pourchassait. Je l'arme, je vais le faire entrer en action, lorsque Vouivre reçoit un appel. Une image apparaît dans le coin de son écran, une image vidéophonique qui s'imprime par dessus les graphiques que Vouivre montrait à ses potes... L'image d'un type que j'ai aperçu dans le couloir, le jour où on t'a confié cette sale mission.

- Monsieur Talès, j'attendais votre appel !, dit Vouivre avec son méga sourire irritant qu'on lui a collé sur le visage à la naissance.

- Qu'est-ce que vous voulez, Vouivre ? Je n'aime pas perdre mon temps.

La voix tranchante de Talès n'arrive pas à désarmer la puissante hypocrisie Vouivresque :

- Vous n'allez pas perdre votre temps, je vais vous montrer un petit spectacle...

Coup de télécommande, les graphiques swapent, remplacés par l'image d'un Labyrinthe vu de haut, une sorte de grand Labyrinthe à rats de métal. Zoom sur l'entrée du laby : une porte s'ouvre, deux gars se font balancer à l'intérieur et la porte se referme derrière eux. Ces gars, c'est toi et Joey.

- Monsieur Talès, regardez ce que je fais de vos ridicules émissaires...

Ricanement des maffieux et ordre de Vouivre :

- Qu'on lâche le Minotaure... Et commencez à filmer.

Il était temps que j'intervienne.