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Talès
- Qui t'envoie ?
Le mec me gueule ça en pleine face. Un autre gars me tient les bras... Pour des prunes. Je me sens tellement faible que je serais incapable de battre un caniche à la lutte romaine. Et puis il me fait chier l'autre nazi à cracher ses postillons sur les lunettes.
- Soyez plus polis !, je proteste.
Il me balance une torgnole. Les lunettes vont par terre avec un bruit métallique audible même malgré la techno.
- T'as dix secondes, il dit.
- Joey, aidez-moi, je gémis. Je déteste ce genre de scène...
Mais Joey est affalé, tournent les mouches. Il est complètement raide lui aussi, il regarde tout ce qui se passe d'un oeil fixe. Alors comme Alex n'est pas là et que je n'ai pas envie de me faire arracher un oeil par un méchant, je réponds :
- Je suis agent de sécurité pour CBM... C'est CBM qui m'envoie.
- Qui, chez CBM ?
Il s'apprête à frapper de nouveau. Malgré le détachement procuré par la drogue, j'ai mal, alors il faut que je réponde. Mais cette question est curieuse... Qu'est-ce qu'ils en ont à foutre ?
La main du nazi se lèvre, menaçant de prendre plein d'énergie cinétique à transformer en onde de choc et chaleur au contact de mon visage. Alors je réponds, bien sûr :
- Talès. Erwin Talès. Il veut s'assurer que Monsieur Vouivre est un client réglo.
Le nazi regarde son copain, derrière moi. Il hoche la tête, son copain me lâche, je percute le sol. Il ricane :
- Faut avoir plus de peps. Ca va bientôt être à toi...
Et malgré l'angoisse procurée par cette effrayante affirmation, je ricane bêtement et sans aucune dignité. C'est horrible de se voir soi-même dans un pareil état de déchéance...
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