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Salons d'en haut
Je me rappelle, on y était carrément mieux, la musique était moins forte. Pourquoi on est pas restés dans ces putain de salons ?
- Je vous sers un verre ?
Il règne ici une lumière orangée et calme, le son est assourdi, on se croirait presque dans un endroit normal. Joey a récupéré de la contenance, il a enlevé ses horribles lunettes :
- Volontiers, monsieur Vouivre...
On est tous assis autour d'une table basse ronde en verre sauf Vouivre qui va prendre une bouteille dans le mini-bar. Je n'ai pas tout capté à ce qu' Alex lui a demandé mais son plan a l'air valable.
- Vous êtes acheteurs, tous les trois ?
- On fait dans le gros, répond Alex.
- Et vous, monsieur Ferssen, vous avez épuisé vos réserves ?
- On en finit bien là, monsieur...
On a chacun un verre à whisky devant nous. J'aurais dû avoir l'esprit plus vif, mais bon...
On boit
et tout
explose
dans mon crâne.
Il y avait quelque chose dans mon whisky, quelque chose de terrible, qui me balance au sol avec des couleurs plein les yeux et la vibration du sol qui me rentre dans les oreilles et dans le cerveau avec la violence d'un tsunami au LSD. Et j'entends Vouivre qui gueule à Alex :
- Tu espérais t'en sortir, petit connard ? Je sais que c'est toi qui as buté mon cousin, je sais tout ça, quand on a le réseau à ses pieds on devient omniscient, petit inconscient. Omniscient, oui...
Sa diatribe résonne dans mon cerveau éclaté, les mots semblent se gonfler encore plus à mes oreilles pour éclater de toute leur prétention... Et il continue :
- Toi et tes copains tombez juste pour me fournir un petit profit, une émission pour la télévision, j'aurai pas le temps de regarder mais vous allez bien en profiter... Vous savez que je suis quelqu'un d'occupé, alors je dois vous laisser, je dois faire des affaires, il y en a qui peuvent payer...
Nouveau silence, puis :
- A vous, messieurs, je vous les laisse, emmenez-les au Labyrinthe.
Et il disparaît.
Dans ma semi-inconscience, je vois sortir des Men In Black de tous les coins comme dans un mauvais film d'espionnage. Sans hésiter, ils nous saisissent et nous traînent sous les aisselles. Je ne vaux pas grand-chose et Joey à peine mieux.
Et puis j'entends gueuler, claquement de coup de feu, bruits de pas qui s'enfuient et cri de douleur d'un MIB :
- Ce con ! Il m'a tiré dans les burnes ! Ah ! Aidez-moi ! Rattrapez-le, bordel !
Sacré Alex !, je pense avant d'aller rejoindre le pays des ombres.
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